Re: Le métal,c'est ici.
Posted: Tue Jan 22, 2013 2:13 pm
Drewbreese, si je peux me permettre, je crois que ta conception du rock progressif est trop large. Si tu penses que le premier Led Zep est progressif, alors plein de groupes de cette époque le sont : The Doors et leur psychédélisme matiné de blues et de musiques américaines au sens large, Santana qui insère dans son rock des influences latines et sud-américaines, The Grateful Dead et ses longues suites instrumentales, Zappa et ses sonorités révolutionnaires, etc.
Pour tous ces groupes, le qualificatif de "progressiste" conviendrait mieux. Ils apportent quelque chose de neuf, font progresser le rock. Comme Hendrix, Jeff Beck, mais aussi Purple, Sabbath, les Allman Brothers ou même Elton John. Pourtant, tous ne sont pas des groupes de progressif. Car de progressiste, le terme a vite dérivé en "progressif", déterminant non plus des groupes novateurs, mais plus un style à part entière, avec ses codes, ses habitudes et autres signes distinctifs. En gros, ce que je t'ai expliqué dans mon dernier message : on oublie le blues et le 4/4 pour des suites d'accord plus expérimentales et des rythmes asymétriques, on puise aux sources du jazz et du classique, le clavier devient un instrument prépondérant et même indispensable, prenant souvent le pas sur la guitare, les structures des chansons se complexifient, abandonnant la simplicité habituelle de la chanson rock (couplet, pont, refrain), des choeurs ou des cuivres apparaissent, etc.
Dans cette scène, on cite comme piliers Genesis, Yes, Gentle Giant, Van Der Graaf Generator, Soft Machine (et l'école de Canterbury), Caravan, ELP (et le moog de Keith Emerson), Magma (et la zeuhl), Gong, Ange et bien entendu King Crimson. Car si on veut parler de 1969, l'album vraiment révolutionnaire, ce n'est aucun des 2 premiers Led Zep, c'est "In The Court of the Crimson King" de King Crimson justement. Là, ça joue vite, ça casse complètement les structures traditionnelles du rock, ça fait voler en éclat les frontières entre les styles musicaux et c'est totalement nouveau (le mellotron déjà utilisé par les Moody Blues y révèle pour la première fois toutes ses facettes), là où Led Zep ne faisait "que" sublimer un courant déjà bien balisé par les Yardbirds ou Cream.
Clairement, Led Zeppelin ne s'insère pas dans cette scène progressive. Même si certains morceaux proposent des sonorités différentes, ou des instruments peu communs, d'autres l'ont fait avant. Les Beatles ont introduit les sons venus d'Inde, l'orgue est utilisé depuis belle lurette (Procol Harum et les autres...), les cordes aussi (Beatles, Moody Blues encore...), etc. Non, ce qu'apporte le zeppelin, c'est une énergie jamais entrevue auparavant. En tout cas, une puissance contrôlée, là où MC5 et Blue Cheer étaient encore tout feu tout flamme. Led Zep, c'est clairement du blues-rock surpuissant, hérité du blues boom, époque où les jeunes Anglais pillaient sans vergogne le répertoire des bluesmen US. Il n'y a qu'à voir les nombreux emprunts crédités sur les différents disques de Led Zeppelin, et notamment le live "How the West Was Won".
Ce qui répond à la définition du hard rock : du blues suramplifié, joué plus vite et plus fort, avec la guitare au premier plan. Led Zep, comme AC/DC, c'est ça. Sauf qu'AC/DC vient six ans après. Et que la formation australienne ne possède pas toute la palette harmonique de la bande à Page. Normal, donc qu'il y ait une différence. Mais je reste persuadé que sans Led Zep, AC/DC n'aurait jamais pu proposer cette version brûlante et binaire de Little Richard et des Stones.
Et cette différence que tu évoques entre Led Zep et AC/DC, admets qu'elle est bien moins importante que le fossé séparant King Crimson et ce même Led Zep cette même année 1969.
Quant au métal, puisque tu es guitariste, tu entendras la diffférence entre le hard d'AC/DC ou de Led Zep, reposant quasi exclusivement sur la doublette rythmique 12/8 - 4/4 et un usage immodéré de la gamme pentatonique, avec le détachement total du blues dont ont pu faire preuve les groupes de heavy metal comme Iron Maiden, Judas Priest ou Accept et les formations de thrash metal comme Metallica ou Slayer. Dans ces derniers cas, la musique est jouée plus vite, avec des accords étouffés (palm mute) qui n'ont plus rien à voir avec les techniques de picking du blues ou les soli façon slide que l'on retrouvait encore chez Page... Voilà la différence entre hard rock et heavy metal, qui se double d'une divergence concernant les thèmes adoptés dans les paroles des chansons, le hard rock privilégiant la triplette sexe, drogues et rock'n'roll, là où le heavy métal (et c'est là aussi l'héritage de Black Sabbath) lui préfèrera occultisme, fantastique et science-fiction.
Donc pour résumer :
- Led Zep n'est pas un groupe de rock progressif car il ne remplit pas les critères propres à ce courant musical bien défini.
- Led Zep peut-être considéré comme un groupe de rock progressiste au moins le temps de ses 5 premiers albums car il a cherché à innover et s'est démarqué du reste de la scène de l'époque.
- Led Zep a utilisé des éléments progressifs et/ou psychédéliques (sur "Dazed and Confused", "Whole Lotta Love", "D'yer M'aker", "Kashmir"...) mais reste fondamentalement blues-rock, comme en témoignent les structures de la très grande majorité de ses chansons, ainsi que les gammes et modes employés.
C'est mon avis !
PS : mais où donc entends-tu une influence orientale sur "Communication Breakdown" ???
Pour tous ces groupes, le qualificatif de "progressiste" conviendrait mieux. Ils apportent quelque chose de neuf, font progresser le rock. Comme Hendrix, Jeff Beck, mais aussi Purple, Sabbath, les Allman Brothers ou même Elton John. Pourtant, tous ne sont pas des groupes de progressif. Car de progressiste, le terme a vite dérivé en "progressif", déterminant non plus des groupes novateurs, mais plus un style à part entière, avec ses codes, ses habitudes et autres signes distinctifs. En gros, ce que je t'ai expliqué dans mon dernier message : on oublie le blues et le 4/4 pour des suites d'accord plus expérimentales et des rythmes asymétriques, on puise aux sources du jazz et du classique, le clavier devient un instrument prépondérant et même indispensable, prenant souvent le pas sur la guitare, les structures des chansons se complexifient, abandonnant la simplicité habituelle de la chanson rock (couplet, pont, refrain), des choeurs ou des cuivres apparaissent, etc.
Dans cette scène, on cite comme piliers Genesis, Yes, Gentle Giant, Van Der Graaf Generator, Soft Machine (et l'école de Canterbury), Caravan, ELP (et le moog de Keith Emerson), Magma (et la zeuhl), Gong, Ange et bien entendu King Crimson. Car si on veut parler de 1969, l'album vraiment révolutionnaire, ce n'est aucun des 2 premiers Led Zep, c'est "In The Court of the Crimson King" de King Crimson justement. Là, ça joue vite, ça casse complètement les structures traditionnelles du rock, ça fait voler en éclat les frontières entre les styles musicaux et c'est totalement nouveau (le mellotron déjà utilisé par les Moody Blues y révèle pour la première fois toutes ses facettes), là où Led Zep ne faisait "que" sublimer un courant déjà bien balisé par les Yardbirds ou Cream.
Clairement, Led Zeppelin ne s'insère pas dans cette scène progressive. Même si certains morceaux proposent des sonorités différentes, ou des instruments peu communs, d'autres l'ont fait avant. Les Beatles ont introduit les sons venus d'Inde, l'orgue est utilisé depuis belle lurette (Procol Harum et les autres...), les cordes aussi (Beatles, Moody Blues encore...), etc. Non, ce qu'apporte le zeppelin, c'est une énergie jamais entrevue auparavant. En tout cas, une puissance contrôlée, là où MC5 et Blue Cheer étaient encore tout feu tout flamme. Led Zep, c'est clairement du blues-rock surpuissant, hérité du blues boom, époque où les jeunes Anglais pillaient sans vergogne le répertoire des bluesmen US. Il n'y a qu'à voir les nombreux emprunts crédités sur les différents disques de Led Zeppelin, et notamment le live "How the West Was Won".
Ce qui répond à la définition du hard rock : du blues suramplifié, joué plus vite et plus fort, avec la guitare au premier plan. Led Zep, comme AC/DC, c'est ça. Sauf qu'AC/DC vient six ans après. Et que la formation australienne ne possède pas toute la palette harmonique de la bande à Page. Normal, donc qu'il y ait une différence. Mais je reste persuadé que sans Led Zep, AC/DC n'aurait jamais pu proposer cette version brûlante et binaire de Little Richard et des Stones.
Et cette différence que tu évoques entre Led Zep et AC/DC, admets qu'elle est bien moins importante que le fossé séparant King Crimson et ce même Led Zep cette même année 1969.
Quant au métal, puisque tu es guitariste, tu entendras la diffférence entre le hard d'AC/DC ou de Led Zep, reposant quasi exclusivement sur la doublette rythmique 12/8 - 4/4 et un usage immodéré de la gamme pentatonique, avec le détachement total du blues dont ont pu faire preuve les groupes de heavy metal comme Iron Maiden, Judas Priest ou Accept et les formations de thrash metal comme Metallica ou Slayer. Dans ces derniers cas, la musique est jouée plus vite, avec des accords étouffés (palm mute) qui n'ont plus rien à voir avec les techniques de picking du blues ou les soli façon slide que l'on retrouvait encore chez Page... Voilà la différence entre hard rock et heavy metal, qui se double d'une divergence concernant les thèmes adoptés dans les paroles des chansons, le hard rock privilégiant la triplette sexe, drogues et rock'n'roll, là où le heavy métal (et c'est là aussi l'héritage de Black Sabbath) lui préfèrera occultisme, fantastique et science-fiction.
Donc pour résumer :
- Led Zep n'est pas un groupe de rock progressif car il ne remplit pas les critères propres à ce courant musical bien défini.
- Led Zep peut-être considéré comme un groupe de rock progressiste au moins le temps de ses 5 premiers albums car il a cherché à innover et s'est démarqué du reste de la scène de l'époque.
- Led Zep a utilisé des éléments progressifs et/ou psychédéliques (sur "Dazed and Confused", "Whole Lotta Love", "D'yer M'aker", "Kashmir"...) mais reste fondamentalement blues-rock, comme en témoignent les structures de la très grande majorité de ses chansons, ainsi que les gammes et modes employés.
C'est mon avis !
PS : mais où donc entends-tu une influence orientale sur "Communication Breakdown" ???