Il le cache tellement que je suis passé une première fois devant sans m’y intéresser, pensant avoir affaire à un énième ampli d’entrée de gamme. En y regardant d’un peu plus prés, il n’en est rien, mais alors absolument rien. Je me décide finalement à l’acheter en fin de marché, en négociant un gros rabais au passage.
La façade avant est plutôt sobre, mais dégage une impression de qualité avec des potentiomètres crantés, des boutons en aluminium massif et une signalétique bilingue. Dommage par contre que la led et son trou viennent casser la ligne de l’ensemble, un bouton illuminé aurait été bien plus joli. Niveau fonctionnalités, on est sur du basique: 4 entrées ligne, une phono, contrôles graves et aigus, balance, un loudness et un filtre passe haut.
A noter, quelques "originalités" par rapport aux productions japonaises :
Lorsque les 2 paires d’enceintes sont activées, elles sont reliées en série et non en parallèle. L’avantage est que cela ne risque pas d’endommager l’étage de puissance avec une impédance trop faible. l’inconvénient est évidement une perte de puissance importante lorsque l’on utilise les 2 paires.
L’entrée « aux » correspond en fait à un « tape 2 », étant également dotée d'une sortie pour enregistrement. De même, la touche « monitor » active l’entrée du même nom, et pas l’entrée tape. Si l’on possède un magnétophone 3 têtes, cela oblige à quelques adaptations du câblage pour utiliser le monitoring.
A l’arrière, on a une double connectique DIN et RCA. Ce qui aurait pu être une bonne idée s’avère au final peu pratique, car les RCA sont tellement rapprochées que de nombreux câbles ne passeront pas. C’est encore plus gênant pour le bornier HP, qui est un des pires que j’ai vu : il est si étroit que seul des câbles de moins de 1,5mm² peuvent y rentrer, et sa profondeur inhabituelle oblige à dénuder plus longuement, au risque de provoquer un court circuit. Je recommanderais plutôt d’utiliser les prises DIN.
A l’intérieur, la première chose que l’on remarque, c’est le volumineux transformateur torique, pas banal pour un appareil de 1981. Couplés à une paire de condensateurs de 10 000µf et à un redressement conséquent, on a donc une généreuse réserve de courant.
L’ensemble respire la qualité, avec des condensateurs mkt de chez ERO ( alias Roederstein), quelques Wima, de gros transistors d’origine Hitachi, (des 2SB700 et 2SD736 pour les curieux). Les potentiomètres sont aussi de bonne qualité, très agréables à l'usage. On notera également les résistances d’émetteur pour le moins atypiques, en forme de "bobine". Heureusement, on ne retrouve pas la même plaque d’amiante que dans d’autres produits Telefunken.
Encore un signe de qualité, les concepteurs de cet ampli n’ont pas lésiné sur les protections. Il y a pas moins de 7 fusibles, 2 par voie sur les rails d’alimentation, 2 pour le préampli et un sur le primaire. En plus de la classique détection de surcharge ou de continu en sortie, on a également une protection contre la surchauffe.
Autre particularité de ce CA-10, la commutation des sources n’est pas assurée par un sélecteur mécanique, mais par des circuits intégrés CD4016. Donc, pas de risque de faux contacts.
Bien qu’acheté comme fonctionnel, j’ai du refaire la quasi totalité des soudures sur le circuit redressement et commutation HP. C’était un miracle que cet ampli puisse sortir quelque chose avec des soudures dans cet état.
La première écoute a été un peu surprenante : pas beaucoup de basses, des aigus « normaux », bref rien à voir avec ce qui se dit sur les amplis germaniques. Finalement, après quelques heures de fonctionnement, (probablement le temps pour les condensateurs de se reformer un minimum), tout rentre dans l’ordre : Je retrouve bien ce qui fait la réputation de la Hifi allemande : des bonnes basses bien sèches, percutantes, et des aigus très en avant, voire un peu agressifs au début. Il faut un peu de temps pour s’y faire.
Question puissance, bien que donné pour 40w sous 8Ω, il semble un peu « paresseux », à savoir qu’il faut monter le volume assez haut (vers les 12 heures) pour que l’ampli ne commence à s’exprimer. Il semble que ce soit un trait commun à tout les amplis Telefunken. Fort heureusement, l’écrêtage n’apparaît qu’une fois passé les 4 heures, ce qui laisse de la marge. Merci l’alimentation bien dimensionnée. Pour ce qui est de l’échauffement rien à redire, même après 2 bonnes heures d’écoute à volume soutenu, il est à peine tiède.
Après quelques heures d’écoute une nouvelle panne est apparue : pas de son sur les 2 voies, juste un grésillement. Le coupable est vite trouvé : plus d’alim sur les Ci de commutation, la faute à un chimique sec comme un coup de trique. J’en profite pour tous les changer, sauf les gros du préamp et de l’étage de puissance, encore dans les clous.
Au final, cet ampli parvient sans (trop) de difficultés à faire bouger mes Ditton 331, pourtant plutôt gourmandes (il faut parfois monter les basses d’un cran, sinon ca manque de profondeur) . Mais je pense qu’il serrait plus à son aise avec des enceintes moins volumineuses, un de ces jours je ferais le test sur des Philips 22RH456 ou des Saba 50K, pour rester dans le germanique.
En bref, si vous tombez sur du matos Telefunken, n’hésitez pas, c’est du très très bon matériel, construit comme un panzer, à la sonorité atypique, mais qui vaut vraiment le détour.
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